Papa Léguas

"Tudo o que se refere ao homem é dotado de contingência"... Vidal de La Blache (geógrafo)

2.6.05

Libération - "os países Baixos dizem não à Constituição"

"Monsieur Plus serait-il néerlandais? Trois jours après les Français, les électeurs des Pays-Bas ont, selon les estimations de l'institut de sondage Interview/NSS, rejeté le projet de Constitution européenne par 63% des voix. La participation a atteint 62% pour ce scrutin consultatif, mais décisif puisque les partis politiques se sont engagés à respecter le verdict populaire. Quelque 11,6 millions d'électeurs des Pays-Bas, un des six pays fondateurs de l'Europe unie, étaient appelé à donner leur avis sur le texte lors de ce premier référendum dans l'Etat batave depuis près de deux cents ans. Et, malgré les appels des grands partis et du gouvernement à l'approuver, ils ont donné au traité un deuxième coup de grâce.

Le non néerlandais ne fera toutefois pas tomber le très impopulaire gouvernement du Premier ministre Jan Peter Balkenende (19% de satisfaits), à la différence de ce qui s'est passé à Paris mardi. En effet, quelque 80% des élus soutiennent le oui, et c'est le parlement, contre l'avis du gouvernement, qui est à l'origine du référendum.

Comme chez le voisin français, les causes du rejet sont multiples et le vote a cristalisé le mécontentement intérieur et le rejet d'une Europe qui inquiète. Peur d'une dissolution de leur petit pays dans l'Union à 25, crainte que Bruxelles se mêle de tout, baisse du pouvoir d'achat depuis l'euro se sont mêlés pour aboutir à un non largement majoritaire. Le camp hétéroclite du non a rassemblé les protestants les plus rigoristes, les populistes, le Parti socialiste, petite formation très à gauche, et le député d'extrême droite Geert Wilders, soit 22 des 150 sièges du parlement.

Selon les sondages effectués avant la consultation, certains Néerlandais ont voulu éviter que Bruxelles ne revienne sur leurs choix de société: consommation de drogues douces, mariage ouvert aux homosexuels ou euthanasie autorisée sous condition. Pour d'autres, les hommes politiques ont menti en promettant que le pouvoir d'achat ne baisserait pas avec l'euro. L'ancien directeur de la Banque centrale néerlandaise a récemment avoué que le florin avait été sous évalué par rapport au deutschemark lors du passage à l'euro, confirmant l'opinion des consommateurs sur la hausse des prix. En outre, les Néerlandais sont les plus gros contributeurs nets au budget de l'UE. Dans un pays où le débat sur l'islamisme et la montée de la xénophobie anti-musulmane font le jeu de l'extrême-droite depuis plusieurs années, la perspective de l'adhésion de la Turquie a aussi servi de chiffon rouge aux adeptes du repli sur soi.

Face à ce deuxième échec, Bruxelles maintient sa ligne: le processus de ratification de la Constitution doit se poursuivre. Dès avant l'annonce du résultat, le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a lancé un appel à tous les dirigeants pour «éviter toute initiative unilatérale avant le Conseil européen», le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 25 prévu les 16 et 17 juin prochains. Un appel à peine voilé au Premier ministre britannique Tony Blair, qui s'apprête selon la presse londonienne à annoncer l'annulation du référendum promis pour 2006."

Libération, 1/06/2005